L’importance de la médecine traditionnelle Au Sénégal
L’Organisation mondiale de la santé définit les médecines traditionnelles comme « les pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé » (…) « Dans les pays industrialisés, ces médecines sont utilisées sous l’appellation médecine complémentaire ou parallèle ».
Une première stratégie 2002-2005 de l’Organisation mondiale de la santé pour la médecine traditionnelle, indiquait qu’il s’agit du « système de soins de santé le plus facilement accessible et le plus abordable pour la plupart des Africains ruraux ». L’Union africaine avait institué la période 2001-2010 « Décennie de la médecine traditionnelle en Afrique », visant à la concertation des acteurs afin de « mettre à la disposition de la vaste majorité du peuple africain des pratiques médicales et des plantes médicinales traditionnelles sûres, efficaces, abordables et de grande qualité ». Ainsi au Mali, une dizaine de médicaments traditionnels améliorés (MTA), préparations à base de plantes que des pharmaciens peuvent préparer sous des formes plus modernes, comme des sirops antitussifs, des poudres ou meme des pommades sont officiellement commercialisés. Ces produits sont beaucoup moins cher que les médicaments chimiques.
La médecine traditionnelle sénégalaise n’en est pas une exception, issues des diverses influences culturelles et religieuses ayant marqué son histoire, plusieurs systèmes thérapeutiques coexistent au Sénégal. Ils apportent des réponses différentes aux dimensions multiples de la maladie, à travers des logiques ou pratiques curatives spécifiques et des champs d’intervention très variables. La médecine traditionnelle sénégalaise est indissociable à la religion et à l’appartenance ethnique. Que ce soit l’islamisme, le fétichisme ou autre, ils sont tous conçus sur des bases de facteurs magico-religieux avec des prédominances de telle ou telle croyance en fonction de l’appartenance ethnique, religieuse et culturelle. Malgré leur importance indéniable, la médecine traditionnelle sénégalaise ne se réduit pas au seul support magico-religieux, car la grande majorité des recettes traditionnelles et des traitements traditionnels sont à base de plantes médicinales. Des nombreuses plantes médicinales du Sénégal ont fait l’objet d’études pharmacologiques et/ou scientifiques permettant de justifier leurs utilisations traditionnelles. Pourtant, malgré les nombreuses études, il en existe beaucoup d’autres ayant effectivement des effets thérapeutiques mais non démontrés scientifiquement où justifiés par des propriétés pharmacologiques. La disparition progressive des véritables tradipraticiens faisant place au charlatanisme et la dégradation de leurs connaissances ont été constatées dans tout l’Afrique de l’Ouest. Ce constat peut être facilement imputé à la mode de transmission orale des savoirs africains.